jeudi 19 décembre 2013

Création Dans ce pays là

La Compagnie Arène Théâtre est en résidence de création depuis le 18 novembre 2013

En effet, Arène Théâtre se propose sous la conduite de son directeur artistique Oumarou  Bétodji de créer le spectacle Dans ce pays là de Louis Vinça.


 
Premier volet d’une Trilogie sahélienne, cette tragédie, « à répéter ici ou ailleurs » comme l’indique le sous-titre, traite de la question, ô combien d’actualité, de la gestion du pouvoir en Afrique et du refus de nombreux Chefs d’État africains – ou d’ailleurs, car le pouvoir est une drogue universelle – de quitter leurs fonctions aux termes de leur mandat. Sujet sérieux – et parfois dramatique – s’il en est, traité avec sensibilité et lucidité, sans tomber dans les jugements faciles.
Dans ce pays-là dessine des personnages complexes, attachants, des femmes et des hommes qui, ensemble, sont acteurs du dénouement tragique, ou du moins sont incapables de l’empêcher. A la fois sérieux, lyrique et surtout drôle, Dans ce pays-là, qui donne une belle place au français parlé dans certaines parties du Sahel (ainsi qu’aux adages), est à l’image des sociétés sahéliennes d’aujourd’hui.
Mais au-delà de la « couleur locale », cette pièce s’interroge sur des questions universelles, comme la difficile gestion des relations de pouvoir, l’ambition et la trahison, les conflits de génération, le rôle de l’argent dans nos sociétés, ou encore les relations entre les hommes et les femmes.
Dans ce pays-là, que l’écrivain, metteur en scène et directeur de la compagnie Arène Théâtre, Alfred Dogbé, décédé prématurément en mars 2012, souhaitait mettre en scène, a été lu publiquement, pour la première fois, au Centre des Jeunes de Karadjé (Niamey-Niger) en décembre 2011. Ceci a constitué une première étape dans l’élaboration de ce projet de création. Ensuite la compagnie Arène Théâtre a présenté une mise en espace texte en main, lors de la sixième édition d’Emergences, festival de théâtre à Niamey en 2012, travail réalisé sous la direction d’Oumarou Aboubacari Bétodji, directeur de ce festival, et de Charline Grand, artiste invitée au festival Emergences. A la fin de cette lecture, toutes les nationalités présentes dans le public étaient convaincues que c’était l’histoire de leurs pays. Dans ce pays là est un sujet AFRIQUE.



L'AUTEUR
Né en 1972, Louis Vinça vit et travaille au Sahel.
Poète (il est notamment l’auteur d’un recueil de poésie, Cristaux de l’aube, non publié) et dramaturge, il écrit en français. Un poème issu de ce recueil a été publié par la revue mauricienne de poésie Point Barre à l’automne 2012. Sa pièce Dans ce pays-là (non publiée) traite d’un président africain contemporain séduit par l’idée de se maintenir au pouvoir, en dépit des nombreux obstacles qui s’y opposent ; lue lors du Festival Émergences de
Niamey (Niger) en juin 2012, elle constitue le premier volet d’une Trilogie sahélienne. Le deuxième volet de la Trilogie sahélienne, qui s’intitule Châteaux de sable (non publiée), traite de la conquête coloniale d’un royaume sahélien, et des relations complexes que cette « rencontre », douloureuse et même violente, fait naître entre des personnages que tout oppose – sauf leur humanité. Le troisième volet de la Trilogie est en préparation.

LE METTEUR EN SCENE
Oumarou Aboubacari Bétodji

Je suis né le 01 août 1975 à Niamey. En 2001, je quitte l’université pour apprendre l’art sur le tas. Et je crée avec Alfred Dogbé la Compagnie Arène Théâtre. Les contraintes font souvent des artistes du Sahel des hommes à plusieurs casquettes. Je me définis moi même comme un « activiste culturel ».
Les raisons qui m’ont retenu sur cette pièce sont nombreuses. D’abord Dans ce pays là, est une pièce qui interroge le pouvoir politique africain. Nos chefs d’Etats s’entêtent à vouloir rester au pouvoir même à la fin de leur mandat. Malgré les constitutions ! Malgré le peuple! Il y en a même qui disent que c’est pour le bien du peuple. Notre travail, c’est le questionnement de ce labyrinthe du pouvoir dans les salons et les antichambres du pouvoir. Entre raison et déraison ; amour et pouvoir. Il est triste de constater, que certains dirigeants arrivent au pouvoir par la grande porte et qu’ils le quittent souvent par la petite porte et parfois à coups de canon.
Ensuite, ce qui m’a le plus frappé sur ce texte, c’est sa langue. Une langue qui certes est du français mais combien proche de nos langues locales. Une pièce écrite en français de « ce pays là » !
Enfin, c’est ma relation personnelle avec ce texte. La compagnie Arène théâtre a perdu son directeur artistique Alfred Dogbé, en mars 2012. Dans ce pays là allait être la création de la compagnie, sous sa direction sur l’année 2012. Et il était prévu que je l’assiste sur cette création. Alfred et moi avons souvent fait les mêmes rêves dans le lit du théâtre. Créer Dans ce pays là sur le plateau c’est faire aboutir un rêve. Et faire naître un espoir de vie et de continuité pour la compagnie Arène Théâtre.
Dans ce pays-là de Louis Vinça, restitue les préoccupations sociales et politiques d’une société, d’un public qui est en attente de débat.


INTENTION

Une partition écrite.

L’angle d’attaque primordial est le travail de texte. Chez Louis Vinça chaque réplique respire le plaisir du trait d’esprit. La langue est simple mais précise, truffée d’expressions orales africaines traduites en français; « Une langue bien de chez nous, une langue presque exotique ». Ce qui nous fascine à la première lecture de ce texte, est l’immersion totale dans un monde auquel nous n’avons aucune prise. Elle rappelle certaines pièces de William Shakespeare où l’on entre dans l’univers interdit du pouvoir, où les tergiversations, les faiblesses et même l’humanité des plus hauts dirigeants nous sont subtilement montrée. Le langage et donc la pensée de chaque personnage sont d’une grande précision. La langue qui est ici le français prend tout son sens, quand on sait qu’elle est la langue des fonctionnaires de l’Etat, de la Diplomatie, donc du Pouvoir. Non sans humour, Louis Vinça nous fait entendre une joute verbale entre des personnages qui doivent à tout prix se convaincre les uns les autres. La langue sera un des premiers enjeux de ce spectacle, tout passe ici par la parole. La parole est l’action du texte. Nous sommes certains que le premier travail est de faire entendre cette écriture pour que chaque personnage, même le plus petit, existe pleinement.

Une partition chorégraphique.

Dans ce pays là est une pièce en trois actes, composée d’une vingtaine de personnages. Un grand ballet diplomatique. Il nous faudra, comme pour une chorégraphie, trouver le rythme, la tenue, la netteté de tout déplacement, la tension de chaque corps.
Distanciation et rapport au public

La pièce de Louis Vinça devient par moment troublante grâce à son mélange bien dosé entre la part documentaire et réaliste du sujet et ses « trouées » de lucidité. Celles-ci nous confirment au cas où, nous public, aurions oublié que nous sommes bien au théâtre, et que tout ceci n’est qu’une farce. C’est une des grandes forces du texte que nous tâcherons de mettre en valeur. Il semble alors essentiel de créer un lien fort avec le public. Que le public soit celui dont ces dirigeants parlent tout le temps : le Peuple. La salle ne doit pas être coupée de ce qui se passe sur scène. Des adresses directes aux spectateurs sont à prévoir ainsi que la présence d’acteurs dans le public. Nous travaillerons également ce rapport au public entre les actes, à la manière de William Shakespeare et Molière. Nous insèrerons entre ces parties, des intermèdes créant un ici et maintenant qui nettoie toute fiction.

EXTRAITS
Extrait 1 (acte I, 4ème scène) :
L’ORDONNANCE (au public).
J’étais un étudiant brillant mais sans avenir, dans un pays où le mérite compte moins que la naissance ou les relations. Me voici à côté d’un homme de pouvoir. Que dis-je, l’homme qui a le plus de pouvoir dans ce pays-là. Je suis certes sur un strapontin, c’est vrai. Mais c’est une place de choix pour observer le déroulement de l‘Histoire. Et la réalité vaut mieux que les livres, n’est-ce pas. A moins que ce ne soit pire

Extrait 2 (acte II, 3ème scène) :
LE COLONEL
Il me traite comme ça, moi. Si je n’étais pas arrivé avec mon unité, lors du coup d’État, pour l’appuyer, au petit matin, devant la radio nationale, il aurait été écrasé par les troupes loyalistes. Il serait mort, même, peut être. Et quel remerciement ? je suis simple conseiller. Pas Premier ministre, ni ministre, même pas général ! Colonel depuis trente-cinq ans. Alors que je devrais être à sa place. Ma famille n’a jamais compris. Je ne peux pas me satisfaire de ça ! Son histoire de magouille de la Constitution va mal finir. Faut le pousser jusqu’au point où il ne pourra plus reculer. Ce qui a pris ver finit par pourrir. Accroche-toi à la branche, cher Président bien-aimé, tu ne sais pas qu’elle est pourrie. Et ensuite …paf !
Mon heure viendra. Un traquenard n’est jamais petit. C’est en le mettant en confiance qu’on parvient à attraper l’oreille d’un lion.

Extrait 11 (acte III, 2ème scène) :
LA FEMME DU CHEF RELIGIEUX 
Tout cela est en train de déraper. Arrêtez de travestir la pièce ! C’est une scène de théâtre ici, pas un terrain de boxe. Si c’était un match de boxe, le public serait des quatre côtés. Regardez bien : ici le public n’est que d’un seul côté, en face de nous.
CLEMENTINE ET AÏSSATA
Ah oui, c’est vrai.
AÏSSATA
Mais pourquoi, d’ailleurs ? Nous pourrions nous mettre au milieu, non ? Mais on ne veut pas que les acteurs se sentent cernés. Ça les empêcherait de jouer sérieusement.
LA FEMME DU CHEF RELIGIEUX 
Donc, je disais, ici c’est une scène de théâtre. Et au théâtre on ne se bat pas.
CLEMENTINE
C’est pour ça qu’il y a moins de spectateurs ici qu’à l’arène de lutte traditionnelle, ou qu’au stade ?

DISPOSITIF
Le plateau est coupé en deux, d’un côté le bureau du Président et de l’autre une pièce du type « antichambre » :
-L’antichambre est une pièce qui entraîne les confidences, les révélations. Les corps des personnages ne seront pas en représentation mais souvent relâchés, dans une posture d’attente, ou de passage pour certains. Cette antichambre peut signifier une sorte de coulisse à vue, avant de pénétrer sur la scène où tout se joue : le bureau du Président.
-Le bureau du Président sera le lieu de la négociation, du mensonge, de la manipulation. Il sera aussi l’image de l’opulence contrairement à l’antichambre qui restera modeste voir décrépite.
L’intérêt de ce dispositif est la vision simultanée de ces deux lieux. L’objectif étant de permettre au spectateur de suivre deux espaces en parallèle qui ne se répondent pas, a priori.

CALENDRIER PRÉVISIONNEL
-Du 08 au 14 novembre 2013
Travail de table à N’djamena, le metteur en scène et l’auteur
-Du 17 novembre au 28 décembre 2013
Résidence de mise en espace au Centre des Jeunes de Karadjé
-29 décembre 2013
Présentation de la mise en espace au Centre des jeunes de Karadjé
-Du 15 janvier au 28 février 2014
Résidence de création au Centre Culturel Franco-nigérien Jean Rouch
-Du 02 au 12 mars 2014
Diffusion
-02 mars 2014 au CCFN Jean Rouch de Niamey
-O5 mars 2014 à l’Alliance française de Maradi
-07 mars 2014 au CCFN de Zinder
-11 mars 2014 à l’Alliance française d’Agadez
-Septembre et Octobre 2014
Diffusion internationale: en cours d’élaboration avec les instituts français de N’djamena, Ouagadougou, Bobodioulasso et Bamako.


L’EQUIPE
Distribution:
Alichina Allakaye, Affocou Eric, Rahila Omar, Bibata Adamou, Boubacar Seïni, Ali Boubacar, Romarick Capochichi, Doulla Kandégomni dit Pipo, Issoufou Alhéri dit Pitua, Rahina Balarabé, Marie-reine Frédéric et Mamadou Ibrahim Maïga.

Mise en scène:
Oumarou Aboubacari Bétodji (Niger)
Scénographie:
Alioum Moussa (Cameroun)
Régisseur:
Abdul-Aziz Iro (Burkina Faso)
Administration:
Nana Kadidjatou Abdou (Niger)
 

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