vendredi 29 avril 2011

Libre parole accordée à Adama Traoré

Je m’appelle Adama Traoré. je suis auteur metteur en scène. J’ai enseigné durant 10 ans le théâtre à l’Institut National des Arts au Mali. Dans cette mouvance là et après  les mouvements démocratiques,  j’ai repris en 1994 l’idée et la décision de  créer la structure qui se nomme Acte sept avec S pour Sensibilisation, E pour Education, P pour Promotion, et T pour Théâtrale.
Et rapidement  le constat est que le paysage culturel malien se caractérisait par des manques : manque d’aide à la création ; manque d’aide à la diffusion ; structures de production artisanales. Il faut dire que durant la première république et même sous la seconde, l’état était animateur et administrateur culturel. Il n’y avait pratiquement rien qui existait de l’initiative privée. C’est donc dans ce contexte que j’ai créé le Festival du théâtre des réalités.
Pourquoi un Festival du théâtre des réalités, me direz-vous ?
Alors c’est parce que la réalité est telle qu’il n’y avait pas de troupe hormis la troupe du théâtre national. Dans beaucoup de lieux autres que le Centre Culturel Français il n’y avait de système lumière et les dramaturges Maliens avaient soixante ans pour la moyenne d’âge et en plus on pouvait les compter sur les doigts d’une seule main.
Donc rapidement le festival  devient projet de développement. Nous avions initié des ateliers d’écriture, initié des formations en régie son et lumière, on a faisait venir du matériel du Bénin et de la Côte d’Ivoire
Et avant l’arrivée du matériel il y avait une formation théorique. Le Festival pour sa part servait de laboratoire pour les pratiques. Rapidement aussi nous avions initié des stages de formation de journaliste culturel parce qu’il fallait arriver à avoir des critiques. Et pour aussi permettre aux Maliens de voir d’autres spectacles, donc de faire aussi des créations, nous avions invité des compagnies de la sous région pour qu’on puisse voir ce qui se passe ailleurs et aider à faire réaliser des créations.

La conception du festival a été une conception éditorialiste c'est-à-dire que chaque édition portait sur un thème  parce que, quelque part, il fallait rapprocher l’art de cette thématique qui se trouvait dans les spectacles plus ou moins. Et autour des conférences qui étaient organisées, nous avions toujours associé la musique. Nous avions une programmation de danse contemporaine et nous avions aussi des projections de films  et ceci a été l’identité du festival qui, jusqu’en 2000, était annuel.

Et à partir de cette date, nous avions décidé de passer en biennale pour donner aux créateurs du temps pour pouvoir développer et affiner les projets . Et entre temps Acte sept a réalisé le guide des artistes plasticiens du Mali qui présente à peu près 60 plasticiens et on a également réalisé un guide des instrumentistes traditionnels du Mali. Nous avions organisé beaucoup de séminaires. Le Mali ayant rapidement décidé d’aller politiquement à la décentralisation, nous avions pensé que cette décentralisation devait aussi permettre des transferts de compétences des collectivités territoriales à la base par rapport à la gestion de la culture.
Nous avions organisé des mini séminaires autour de politique culturelle et décentralisation et essayé de dire comment les collectivités territoriales  pouvaient par exemple s’accaparer de la dimension culturelle qui est transversale dans tous les programme de développement, et spécifiquement qu’ils aient le volet culturel de  leur programme économique social et de développement communal.
Après nous avions organisé un autre séminaire sur la stratégie de création de politique culturelle. Nous avions organisé une semi conférence sur « l’espace et à qui appartient l’espace » en tenant compte des différentes activités d’asociabilité théâtre-sociabilité, cinéma-sociabilité ; les lieux du pouvoir et leur jeu et aussi certains clins d’œil par rapport à l’urbanisation.
Nous avions aussi lancé un drame qui, s’appelle « les lionnes de ma commune » en accord avec les associations laitières des femmes. Et nous organisons chaque année une exposition de photos autour de 40 femmes. Ces 40 femmes sont choisies par l’association et nous engageons une équipe de photographes qui tirent les photos à grand format 60 sur 70. Et avec ça, nous organisons à partir du premier jusqu’au 10 mars des séries de conférences qui sont proposées par ces femmes et ce sont toujours ces femmes qui choisissent leurs conférenciers ou conférencières. Et il y a l’exposition photo. Et autour de cette exposition il y a de l’animation.
Le bureau de Acte sept est un bureau ouvert où il y a beaucoup d’activités qui se passent parce que dans le siège même il y a une activité au quotidien. Par exemple chaque dimanche vous pouvez aller suivre un groupe de musique. Chaque jeudi, il y a des contes. Chaque vendredi on a des improvisations au niveau du théâtre.

Issa Mossi et Bello Marka

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire